[ ] - CERTIFICAT EUROPÉEN PSYCHOTHÉRAPIE : UNE ASSOCIATION PEUT-ELLE S’INSTITUER AUTORITÉ ?




AU SUJET DE L’ATTRIBUTION D'UN C.E.P - CERTIFICAT EUROPÉEN DE PSYCHOTHÉRAPIE : UNE ASSOCIATION
PEUT-ELLE S’INSTITUER AUTORITÉ ?
 

par Martine MAURER 

"Faute d’obtenir un diplôme valide au plan national et, surtout, reconnu 
par l’Etat, par le ministère de la Santé,  par le ministère de l’Education nationale, 
des personnes instituent d’elles-mêmes un nouveau certificat
qui n’a comme valeur que celle, qu’elles-mêmes, lui donnent."

Il fut un temps où CEP voulait dire en France : Certificat d’Etudes Primaires. Aujourd’hui l’EAP, dite Association Européenne de Psychothérapie, délivre un CEP censé s’intituler certificat européen de psychothérapie. Cette association sollicite, de leur propre initiative, les personnes exerçant la psychothérapie de manière auto-proclamée ou auto-instituée par des écoles auto-établies, auto-administrées, à réclamer auprès d’une commission instituée en son sein ce fameux certificat. Se peut-il que l’Europe devienne le champ du tout possible et, surtout, une voie insidieuse de déqualification des apprentissages et des pratiques professionnelles ? Faute d’obtenir un diplôme valide au plan national et surtout reconnu par l’Etat, par le ministère de la Santé, par le ministère de l’Education Nationale, des personnes instituent d’elles-mêmes un nouveau certificat qui n’a comme valeur que celle, qu’elles-mêmes, lui donnent.

      Qu’est-ce qu’un certificat ? Il s’agit, selon la définition littérale du dictionnaire Larousse, d’un écrit émanant d’une autorité et qui fait foi d’un fait, d’un droit. Ou encore d’une attestation, d’un diplôme prouvant la réussite à un examen. Nous voyons que nous nous situons déjà dans un espace problématique du seul fait de la définition du terme certificat. En quoi une association régie par la loi de 1901 en France, ou une association européenne pourrait-elle constituer « une autorité » qui fait foi d’un droit ? D’autre part, ce CEP n’est pas délivré suite au passage d’un examen. Le CEP est décerné par une fédération sur simple dossier présenté par le candidat. Ce candidat, en général déjà nanti d’un certificat n’ayant pas de validité sur le territoire français, pas plus que sur le territoire européen, demande l’étude de son dossier par des personnes s’étant auto-habilitées pour cette tâche, contre le versement d’un somme d’argent (deux cents euros) dont moitié revient à la FFdP et moitié à l’EAP pour frais de dossier.

      D’après une liste récente en notre possession (datée du 2 février 2003), on compte actuellement 236 personnes, pratiquement toutes françaises, ayant reçu le CEP, sous couvert du versement d’une somme d’environ deux cents euros : ce qui nous donne l’opération mathématique suivante : 236 X 200 = 47.200 euros pour frais de dossier, soit en francs : 309.611 Francs. Le journal « Psychologues et psychologies » parlait déjà en 1999 de « l’octroi d’un diplôme virtuel, une fiction sans valeur ou notoriété ou reconnaissance auprès d’un employeur ou d’un client, qui devient ainsi le moyen et l’enjeu d’un pari publicitaire et commercial » (Psychologues et psychologie, n° 149/150 Ed. 1999). En même temps, l’existence du CEP pose la question de la possibilité des associations de se reconnaître ou non comme des autorités donnant droit. Une association peut-elle certifier une pratique sur le territoire français ? Une association européenne peut-elle certifier la professionnalité d’une personne, professionnalité acquise sans aucune validation diplômante reconnue par le ministère de l’Education nationale ou celui de la Santé ? (...)

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